zola par Carjat Il y a un paradoxe Zola. Auteur archi-connu, il est aussi un auteur méconnu. Son œuvre immense est un archipel dont on ne connaît guère que quelques îles, Thérèse Raquin, L’Assommoir, Germinal, Nana…. Défigurée par les morceaux choisis, méprisée par des gens qui ne l’ont pas lue, elle mérite mieux que les préjugés ordinaires. Rien de tel pour les dépasser que d’explorer l’imaginaire d’un romancier qui a osé concevoir une révolution littéraire sur le double modèle des sciences de son temps et de la peinture impressionniste. Zola, qui affirmait publiquement « procéder comme les chimistes et les mathématiciens », rivaliser avec « les sciences balbutiantes de l’hérédité », revendiquait en privé le parrainage de l’art : « les peintres m’ont aidé à peindre d’une manière neuve, littérairement », disait-il. En réalisant cette synthèse inédite de champs disciplinaires opposés, Zola pensait « faire œuvre d’art et de science » sans se douter que l’idéologie se glissait en catimini dans les modèles du naturalisme, dans sa représentation catastrophiste du peuple et dans sa vision terrifiante de la femme hystérique.